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FINTECH / FOOTECH: l’industrie du football à l’épreuve de la Crypto-monnaie et des NFT

 

FINTECH / FOOTECH

Entre les émissions de « fan tokens » 1 par les plus grands clubs du monde, les ventes de « tokens non fongibles »2(NFTs) à l’effigie des joueurs ou les contrats de sponsoring avec des sociétés cryptos, l’univers du football accueille à bras ouverts les innovations apportées par la blockchain. Un mariage pour le meilleur, mais aussi pour le pire en l’absence de tout cadre législatif. Nous vous proposons de décrypter cette union de deux mondes faits pour s’entendre.

Le football est sans conteste le sport le plus populaire de la planète. Pratiqué par 250 millions de personnes dans plus de 200 pays, il est suivi par 3,5 milliards de fans à travers le monde. Il constitue donc un terrain stratégique pour les sociétés crypto cherchant à toucher de nouveaux publics en bénéficiant de la plus large exposition possible. Mais les clubs, les joueurs et les compétitions majeures de football profitent également de cette quête de popularité. C’est le cas par exemple de l’Angleterre, le pays par excellence du foot business qui représente aujourd’hui l’un des foyers les plus juteux pour les fans de crypto-monnaie.

Lors d’un dîner en 2021, Preston Johnson, un millionnaire de la crypto-monnaie, et un groupe d’environ 36 autres entrepreneurs américains partisans de la cryptographie dont Gary Vaynerchuk, l’entrepreneur NFT, et Daryl Morey, un passionné de blockchain, ont levé 18 millions de dollars (plus de 11 milliards de francs CFA) pour acheter Crawley, un club de football de 4 ème division en Angleterre qu’ils s’étaient engagés à transformer en équipe « Internet ». Ils visaient à créer un public mondial de passionnés de crypto et à propulser le club vers les sommets, ou du moins à l’aider à passer de la quatrième division à la troisième. Et pour y arriver, ils ont mis sur pieds une entité commerciale baptisée WAGMI United. Prononcé « wag me », l’appellation signifie « Nous allons tous y arriver » , un cri de ralliement populaire dans les cercles cryptographiques.

Très vite, le groupe a mis en place des mécanismes pour mobiliser des ressources afin d’investir de façon agressive dans l’équipe. Notamment la vente pour près de 5 millions de dollars (prés de 4,7 milliards de francs CFA) (soit près de sept fois les revenus du club la saison précédente) d’une gamme de NFT sur le thème du football, le recrutement des analystes de données et de vidéo, le recrutement d’un attaquant vedette, la réduction des prix des abonnements, ou encore l’implication des fans dans la prise de décision du club avec un style de gestion transparent et égalitaire qu’ils ont décrit comme le reflet des principes

utopiques de la crypto. Toute personne ayant acheté un Crawley NFT a droit à un vote sur certaines décisions du club. Car il s’agit pour les nouveaux propriétaires, non pas de vendre de la crypto aux fans de Crawley, mais plutôt de vendre Crawley aux fans de crypto et de créer ainsi de nouvelles sources de revenus pour le club.

Le monde du ballon rond ne s’est pas fait prier pour adopter les innovations apportées par la blockchain, comme les tokens non fongibles (NFT), afin de créer de nouvelles sources de revenus. Même si cette innovation reste encore difficilement intégrable dans le contexte africain et particulièrement de la sous-région Afrique centrale où le vrai challenge reste la professionnalisation de l’industrie du football plongé dans un amateurisme des plus notables, le football et la blockchain, c’est désormais une alliance gagnant-gagnant qui se décline sous différentes formes.

  • Les contrats de sponsoring : à l’image de Crypto.com, partenaire officiel du Mondial au Qatar 2022. Nombreuses sont les sociétés cryptos à avoir choisi de sponsoriser des compétitions ou des clubs de foot. Rien qu’en Premier League anglaise, le championnat le plus puissant du monde, 17 des 20 clubs engagés comptent parmi leurs partenaires des entreprises du secteur.
  • L’émission de fan tokens : les fan tokens, c’est la spécialité de l’entreprise Socios.com. Cette plateforme dédiée aux supporters a fait du football sa priorité. Elle permet aux clubs partenaires de stimuler l’engagement des fans et de mieux monétiser leur ferveur.
  • Les ventes de NFT : les NFTs ont la cote depuis l’an dernier. En tout cas, cela n’a pas échappé au milieu du football. Entre les ligues et les tournois nationaux (Premier League, Liga, Major League Soccer), les compétitions internationales (UEFA), les clubs de football (Liverpool, Manchester United, AS Monaco, FC Porto, PSG) et les joueurs (Ronaldinho, Giorgio Chiellini, David Trezeguet, Lionel Messi, Pelé, Romelu Lukaku), nombreux sont les acteurs du ballon rond qui l’emparent du phénomène. Et la liste est loin d’être exhaustive.

Si les univers du football et de la blockchain sont faits pour s’entendre, les contours de leur union restent très flous. Ce qui entraine des contrats très rapidement rompus avec des partenaires soupçonnés de fraude, dont on n’a pas souvent pris le temps de faire les diligences nécessaires avant de s’engager. C’est le cas notamment du contrat entre le FC Barcelone et la marketplace de NFTs Ownix dont l’un des dirigeants avait été arrêté pour fraude, ou encore celui entre Manchester City et la société 3Key Technologies dont les dirigeants n’avaient aucune présence sur internet.

Espérons qu’avec le temps et l’arrivée de législations adéquates pour encadrer les pratiques potentiellement douteuses, le mariage entre football et crypto-monnaies sera enfin débarrassé de tous ces nuages menaçants. Car qu’on ne s’y trompe pas : malgré toutes les dérives observées ces derniers mois, la fusion de ces deux mondes a le potentiel de révolutionner notre façon de consommer le football et le sport de manière générale – encore faut-il que les différentes juridictions et régulations le permettent.

  1. Un « fan token » est un jeton conçu à destination des fans d’une équipe de sport. Ces tokens sont ainsi un moyen pour les fans de renforcer leur engagement auprès de leur équipe ou de leur sportif. Source : https://www.tokize.com/fr/nft/fan-token-definition/
  2. Un NFT a une définition assez simple de prime abord. Il s’agit d’un objet unique qui n’est pas interchangeable, à l’inverse d’une monnaie fiduciaire ou d’une cryptomonnaie. Vous pouvez échanger un euro contre un autre euro, un Bitcoin contre un autre Bitcoin, mais a priori pas un terrain. En effet, la parcelle possède des caractéristiques uniques qui lui sont propres, et trouver une autre parcelle qui serait identique, dans ses attributs et en valeur, va s’avérer très difficile, voire impossible. Il en va de même pour une peinture… ou un NFT. Plus précisément, le NFT est un certificat numérique qui vise à identifier la propriété d’un bien numérique (ou physique). Le plus souvent, il s’agit d’une œuvre d’art, mais pas que. Ce certificat est censé donner toutes les informations utiles concernant cet objet : ce qu’il est, son auteur, son propriétaire, son prix de vente, etc. Comme la valeur d’une œuvre ou d’un NFT est subjective, celle-ci peut évoluer à la hausse ou à la baisse, avec le temps. Source : https://www.coinhouse.com/fr/academie/blockchain/quest-ce-quun-token-non-fongible-nft/

A propos de Thierry Mbimi

Thierry MBIMI est CEO & Managing Partner à KPMG Afrique Centrale. Il occupe aussi la fonction de leader de de l'industrie des services financiers pour KPMG en Afrique francophone subsaharienne. Il préside la commission de Gouvernance, Ethique et RSE (GE-RSE) du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) et est agréé expert judiciaire à la cours d’appel du Littoral en tant que : Administrateur Provisoire – Syndic Liquidateur – Séquestre. Il intervient également à l'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) et à l'Institut Universitaire du Golfe de Guinée (IUG) comme Enseignant Invité en "Investment Management", "International Financial Management", "Business Ethics & Management Behaviour", "Blockchain & Cryptocurrency" et "Bank Risk Management". Basé à Douala (Cameroun) depuis 5 ans, il a séjourné avant, pendant 4 ans au Nigeria, 11 ans en Australie, et 12 ans en France. Il est né au Cameroun, où il a grandi. Au cours de sa carrière, il a visité/travaillé dans plus de 135 villes dans plus de 40 pays, et séjourné sur les 5 continents.

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