Les dernières décennies ont marqué le système bancaire par un phénomène de digitalisation ou de numérisation inévitable du système bancaire à travers la FinTech. Alors que les produits bancaires dits traditionnels sont de plus en plus boudés par les acteurs économiques visiblement plus intéressés par les nouvelles technologies, la récente et fulgurante évolution des FinTech semble lancer une nouvelle ère, en s’attaquant cette fois aux « métiers » des banques.
Les banques sont inquiètes pour l’avenir, pas complaisantes. Elles s’inquiètent pour la FinTech et réfléchissent à ce qu’elles doivent faire. Elles ont investi dans des applications et des API (interfaces de programmation d’applications), restructuré des services, essayant de sortir de l’héritage et croyant faire ce qui devait être fait. Mais en réalité, elles sont coincées et ne savent tout simplement pas quoi faire. Pourtant, il est clair que le numérique doit être perçu non plus comme une donnée périphérique, mais plutôt comme une donnée centrale pour la banque ; il doit être investi comme un continuum, pas comme un projet ; il doit être considéré comme le fondement de la banque, et non comme un canal de la banque ; il doit être articulée clairement sur ce qu’elle signifie pour la banque et dirigée par le haut ; etc…
Mais ces réponses, quoiqu’évidentes pour les responsables en charge du numérique dans les banques, restent encore floues pour les dirigeants et propriétaires, qui sont pour le moins réfractaires à cette nouvelle trajectoire. Ils ont grandi dans la banque, comprennent la banque, aiment la banque, mais n’ont aucune idée de ce qu’est la FinTech. Même si ces derniers sont affectés au numérique dans le cadre des programmes de leadership, ils s’effacent lorsqu’il s’agit de FinTech. Tout ce qui les préoccupe, c’est le risque bancaire, les systèmes et mandats de contrepartie, la réglementation et la conformité, etc… ; le numérique fait partie intégrante du fonctionnement de la banque, mais ce n’est pas la clé.
Cet état de chose est la traduction parfaite de la réalité au sein des banques africaines, mais plus encore celle de la zone CEMAC, pour la plupart détenues par des hommes d’affaires qui ont fait fortune dans le commerce et l’industrie. Le passage au numérique reste encore pour nombre d’entre eux un idéal à atteindre. Il est important de noter que la digitalisation de la banque n’est pas de la responsabilité des IT. Savoir coder ne suffit pas à digitaliser. De même que connaître le métier de la banque ne suffit pas à digitaliser. Il s’agit ici de trouver des talents qui savent marier cette connaissance du métier de la banque et de ses services avec les potentialités de la technologie. Un mixage de compétences nécessaire, mais encore bien rare dans la sous-région avec ses péculiarités.
Certes la majeure partie de la population africaine n’est pas bancarisée, mais les infrastructures bancaires lacunaires couplées à une réglementation peu contraignante y sont pour beaucoup. Ce qui a laissé libre cours aux opérateurs télécoms dans plusieurs pays d’Afrique pour s’imposer comme leader dans le Mobile Banking (systèmes de paiement et portefeuilles électroniques). Et l’émergence de solutions de paiement comme Orange Money, MTN Mobile Money, Airtel Money, Moov Money, etc… montre bien la capacité de ces opérateurs télécoms à offrir des services financiers et se substituer aux banques traditionnelles.