Le Bitcoin, cette monnaie numérique décentralisée basée sur le protocole de la Blockchain n’en finit pas de faire de nouvelles conquêtes. Et non des moindres. Après la star de Wall Street, le gestionnaire BlackRock et Elon Musk, l’homme le plus riche du monde qui a investi 1,5 milliard de dollars (plus de 900 milliards de francs CFA) au travers de Tesla, mais aussi MasterCard, Square, PayPal, c’est au tour de la plus vieille banque des Etats-Unis, la Bank of New York (BNY) Mellon de se lancer un service de cryptographie.
L’information rendue publique en octobre dernier par le Wall Street Journal fait tache d’huile. Le tabloïd américain renseignait alors que la banque fondée en 1784 avait obtenu l’approbation du régulateur de New-York lui permettant désormais d’offrir des services de garde numérique. De façon plus simple, la BNY Mellon peut dorénavant, à travers les services de « Digital Asset Custody », « recevoir des Bitcoins et des Ethers de certains de ses clients », précise le journal. Dans la pratique, il s’agit pour la banque de stocker les clés privées nécessaires pour accéder à ces actifs et les transférer, également fournir les mêmes services de comptabilité que ceux offerts aux gestionnaires de fonds dans d’autres actifs, tels que les actions et les obligations.
« BNY Mellon est fière d’être la première grande banque mondiale à annoncer son intention de fournir un service intégré pour les actifs numériques. (…) La demande croissante des clients pour les actifs numériques, la maturité des solutions avancées et la clarification de la réglementation nous offrent une formidable opportunité d’étendre nos offres de services actuelles à ce domaine émergent. (…) Avec Digital Asset Custody, nous poursuivons notre voyage de confiance et d’innovation dans l’espace en évolution des actifs numériques, tout en adoptant une technologie de pointe et en collaborant avec des fintechs. », a déclaré Roman Regelman, le responsable en charge des services numérique chez BNY Mellon.
La décision de BNY Mellon n’est pas le fruit du hasard. La société mise depuis un moment sur la Blockchain et les Crypto-monnaies, au point d’avoir investi 690 millions de dollars à travers trois opérations dans le web 3 entre septembre 2021 et juin 2022. Et lorsque la plus ancienne banque américaine devient un dépositaire numérique, l’on est tenté d’admettre que l’univers de la FinTech est entrain de connaître un essor des plus significatifs, même si cela prendra encore du temps (de 3 à 5 ans avant que les actifs numériques soient totalement intégrés dans l’infrastructure traditionnelle). Il n’y a qu’à voir tout l’engouement qu’a suscité cette décision de la BNY Mellon auprès des investisseurs institutionnels. En effet, neuf investisseurs institutionnels sur dix sont désormais intéressés à investir dans la Crypto-monnaie et 40% d’entre eux l’ont déjà fait.
De nombreuses banques internationales ont déjà annoncé leurs initiatives vers les Crypto-monnaies. Elles essaient de ne pas être laissées pour compte et visent à répondre à la demande sans cesse croissante de leurs clients. Dans le même temps, les acteurs cryptos obtiennent elles-aussi leurs propres licences pour opérer en tant que banques. Bien que cette annonce de la Bank of New York Mellon se fasse sous réserve d’une approbation règlementaire, si ce service venait à être lancé, il fournirait une « solution de garde propriétaire avec des services de liquidité et d’exécution pour les institutions financières ». De hauts responsables politiques et économiques ont averti les banques qu’elles risquaient de se laisser distancer par les réseaux et les fournisseurs de services financiers numériques, si elles ne se conformaient pas au nouveau paradigme.
Créé par des anonymes et géré par un réseau décentralisé, le Bitcoin garde pourtant une réputation sulfureuse. Si certains spéculateurs n’hésitent pas à parier sur ses fluctuations sur les marchés et diverses plateformes en ligne, aucune grande Banque Centrale, encore moins la BEAC, ne reconnaît pas cette monnaie virtuelle comme une devise à part entière, car elle échappe encore au contrôle à cause de sa volatilité.
Aussi, la monnaie virtuelle reste encore un pari très risqué en zone CEMAC, où les banques restent encore purement traditionnelles et les populations peu ou pas rassurées par la fiabilité des crypto-monnaies. L’absence ou la précarité des infrastructures technologiques (data security, internet, telecoms, etc…) nécessaires à une bonne intégration sous régionale du Bitcoin serait également l’un des principaux freins. Cette instabilité et l’anonymat qu’elle procure à ses utilisateurs sont mal accueillis par les autorités monétaires, qui appellent à une plus stricte régulation.