Alors que certains Etats et Banques Centrales durcissent à l’excès leur réglementation contre les cryptos – au point d’envisager de rendre illégaux certains Stablecoins –, d’autres, à l’instar de la Chine, semblent revenir sur leurs erreurs. Après des interdictions féroces sur son sol, d’abord des crypto-bourses, puis des activités de crypto-minage, le pays de Xi Jinping a peut-être pris conscience de l’incroyable potentiel porté par le secteur autour de Bitcoin. Résultat des courses, même des banques affiliées à l’État ont commencé à accepter des clients issus du secteur des crypto-actifs.
D’après une récente publication du Wall Street Journal, ces banques auraient ouvert des comptes à des crypto-entreprises. Le tabloïd américain fait savoir que certains de ces établissements bancaires sont même allés jusqu’à offrir leurs services à des acteurs qui avaient jusqu’ici le plus grand mal à trouver une banque qui veuille bien de leurs activités cryptos. Parmi ces banques publiques affiliées à l’État chinois figure la Bank of Communications, une des plus anciennes et grandes banques de Chine. Celle-ci travaillerait déjà avec de multiples sociétés cryptos de Hong Kong et chercherait même à s’ajouter d’autres clients dans ce domaine.
La Bank of Communications est loin d’être la seule à céder aux sirènes de Bitcoin et ses semblables. L’orientation très Crypto-friendly de Hong Kong semble continuer d’influencer positivement l’ensemble des banquiers chinois. Plusieurs autres banques ont commencé à accepter des clients issus du secteur des crypto-actifs. La ZA Bank, par exemple, facilitera les dépôts et retraits de monnaies fiduciaires sur la future plateforme d’échange HashKey Pro. Cette nouvelle crypto-bourse vise à simplifier les échanges de Bitcoins (BTC), d’Ethers (ETH) et de Stablecoins USDT de Tether.
Il faut dire que Hong Kong pousse bien à l’adoption de Bitcoin et des crypto-actifs pour le reste de la Chine, en montrant régulièrement les exemples d’avancées qu’ils permettent. Récemment, les autorités hongkongaises ont exploité la tokenisation, en réalisant une émission de 100 millions de dollars d’obligations tokenisées. De quoi susciter l’intérêt des établissements bancaires pour la Crypto-monnaie.
De nombreuses banques internationales ont déjà annoncé leurs initiatives vers les Crypto-monnaies. Ces banques qui sont de plus en plus orientées numérique essaient de ne pas être laissées pour compte et visent à répondre à la demande sans cesse croissante de leurs clients. C’est le cas notamment de la Bank of New York (BNY) Mellon. La plus vieille banque des Etats-Unis, fondée en 1784, a annoncé il y a quelques mois sa décision de lancer des activités de cryptographie, plus précisément les services de garde numérique. En clair, BNY Mellon peut dorénavant, à travers les services de « Digital Asset Custody », « recevoir des Bitcoins et des Ethers de certains de ses clients ».
Dans le même temps, les acteurs cryptos obtiennent elles-aussi leurs propres licences pour opérer en tant que banques. De hauts responsables politiques et économiques ont averti les banques qu’elles risquaient de se laisser distancer par les réseaux et les fournisseurs de services financiers numériques, si elles ne se conformaient pas au nouveau paradigme.
Créé par des anonymes et géré par un réseau décentralisé, le Bitcoin garde pourtant une réputation sulfureuse. Si certains spéculateurs n’hésitent pas à parier sur ses fluctuations sur les marchés et diverses plateformes en ligne, aucune grande Banque Centrale, encore moins la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), ne reconnaît cette monnaie virtuelle comme une devise à part entière, car elle échappe encore au contrôle à cause de sa volatilité. Aussi, la monnaie virtuelle constitue encore un pari hautement risqué pour les institutions financières de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) qui demeurent purement traditionnelles ; mais d’autant plus perçue comme un danger par les populations peu ou pas rassurées par la fiabilité des crypto-monnaies.
L’apparition des Crypto-actifs dans le corpus règlementaire du marché financier sous régional ne confère pas aux Crypto-monnaies le statut juridique de monnaie dans la zone CEMAC. L’absence ou la précarité des infrastructures technologiques (data security, internet, telecoms, etc…) nécessaires à une bonne intégration sous régionale du Bitcoin serait également l’un des principaux freins.
Les banques centrales africaines ont généralement réagi en interdisant la crypto. Grâce aux monnaies numériques universelles, elles pénètrent de manière préventive plus profondément dans le segment des consommateurs de détail d’une manière qui pourrait également perturber l’équilibre des pouvoirs, mais en leur faveur. Cette instabilité et l’anonymat qu’elle procure à ses utilisateurs sont mal accueillis par les autorités monétaires, qui appellent à un boycott pur et simple de la Crypto-monnaie.
La Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) qui réglemente le secteur bancaire dans les six pays de la zone CEMAC, a envoyé une nouvelle alerte concernant son interdiction des crypto-monnaies. Une interdiction qui visait, selon elle, à assurer la stabilité financière dans la sous-région. Cependant, la République centrafricaine, un État membre, a donné cours légal au Bitcoin. Le gouvernement a fourni peu de détails sur son raisonnement et des questions subsistent sur la mise en œuvre.